Sharaku: l’énigme
Note: ce billet fait partie d’une série sur les maîtres de l’estampe japonaise, retrouvez tous les portraits dans la liste ci-dessous
1. Kunisada: le travailleur acharné
2. Utamaro, passionné de beauté
3. Hiroshige: graveur en série
4. Yoshitoshi: le fou lumineux
5. Hokusai: le vieux fou de dessin
6. Sharaku: l’énigme
Sharaku Toshusai (dates de naissance et de mort inconnues)
Sharaku est un cas à part dans le club restreint des maîtres de l’ukiyo-e. Aucune information ou presque n’est disponible sur cet artiste dont la carrière fut très éphémère. On estime qu’elle dura de 1794 à 1795, dix mois en tout.
Une carrière si courte qu’elle soulève toutes sortes de spéculations quand à la réelle identité de l’artiste. Il existe à ce sujet deux théories plus crédibles que les autres.
La première veut que Sharaku ne soit autre qu’Hokusai. Cette explication tient au fait que les gravures sur bois de Sharaku sont apparues durant la période qui vît Hokusai disparaître de la scène artistique, entre 1792 et 1796. En dehors de cette coïncidence, aucune autre évidence ne semble supporter cette thèse.
La seconde théorie prétend que Sharaku n’était pas une personne, mais un projet lancé par un groupe d’artistes pour aider une maison d’édition d’estampes. Le nom Sharaku serait inspiré du mot « Sharakusai », qui signifie « absurdité ». Les changements rapides et distincts dans le style de Sharaku semble crédibiliser cette hypothèse.
Quoiqu’il en soit, le travail de Sharaku se vendait mal à l’époque de sa publication, peut-être à cause de ses sujets trop authentiques, véritables marques de fabrique d’un artiste n’ayant pas voulu se compromettre et laissant ses clients avec un sentiment de malaise.
Ses estampes ne devinrent populaires auprès des collectionneurs japonais qu’à partir de l’instant où leur collègues occidentaux s’intéressèrent à cet artiste, vers la fin du 19ème siècle. Il est désormais considéré comme l’un des plus importants maîtres de l’ukiyo-e et comme l’un des premiers artistes modernes du Japon.